Avant propos du livre « La guerre 39-45 à Fouesnant »

Les événements de la guerre 39/45, ont marqué l’histoire de France et donc la vie de la commune de Fouesnant.

Époque douloureuse, subie par la population durant l’occupation allemande de 1940 à 1944. Il n’est pas dans mon approche de cette histoire de Fouesnant, de reprendre l’histoire de la guerre. Celle-ci est déjà bien connue et très bien relatée par des historiens bien plus compétents que moi. Mon but est d’évoquer ici les événements relatifs à la commune de Fouesnant, la vie durant cette période, souvent identique à celle d’autres communes, mais avec ses particularités locales. Il me semble nécessaire de laisser un souvenir de ces temps difficiles à nos enfants ou petits-enfants, qui actuellement ne s’intéressent que peu ou pas à ces événements, mais qui, tôt ou tard, voudront retrouver un peu de « leur histoire » Je pense aussi à ceux qui ne sont pas originaires de Fouesnant, et qui y habitent maintenant, et veulent en savoir un peu plus sur leur commune d’accueil.

Vous pouvez remarquer que le terme de « Boches », nom donné aux Allemands à la guerre 14/18, n’est guère employé. L’emploi de ce surnom donné aux occupants nazis, pourtant journellement utilisé par la population pendant et après la guerre, même dans les journaux, me semble actuellement révolu. Il était fréquent, à la Libération de voir une annonce comme celle-ci : « Recherche vélo volé par les boches » Nous sommes maintenant dans une Europe où notre principal partenaire politique et économique est l’Allemagne. Que cette paix dure indéfiniment…

Autres remarques, celles-là plus philosophiques si on le veut bien, c’est l’attitude de la population. Je me pose la question de savoir quelle attitude aurait été la mienne face aux événements. Pétainiste ou pas ? La propagande vichyste ne permettait pas de connaître la réalité, d’avoir une vue objective des choses, ni même une information exacte. Le Parti Nationaliste Breton avec son journal « l’Heure Bretonne »et ses ramifications locales, mêmes négligeables, compliquait encore la lisibilité des choses avec ses positions indépendantistes. Les premiers résistants étaient traités de « terroristes » par l’occupant, pas forcément bien vus par la population, car leurs actes pouvaient amener des représailles. La plupart très actifs sur le terrain étaient en 1941, des sympathisants ou des membres du Parti Communiste.

Une constatation que j’ai faite lors de l’interview des personnes présentes pendant ce conflit : les relations sont jugées correctes, même parfois bonnes avec l’occupant, cela jusqu’en fin 1942, date du départ vers le front russe de nombreux Allemands, incorporés, mais non volontaires pour cette guerre. Ils sont remplacés en partie par des Russes, des Polonais en 1943.

Il est difficile d’évaluer le nombre des militaires présents à Fouesnant en ce début de guerre, le chiffre du millier de soldats n’est pas invraisemblable. Certains jours, au bourg de Fouesnant, on se serait cru en territoire allemand. Le poste de commandement de Bréhoulou à lui seul comportait environ 400 hommes, presque autant à Beg-Meil, sans compter le Cap-Coz, le bourg de Fouesnant et Mousterlin. A l’ouverture du front de l’Est en juin 1941, de nombreuses troupes partent avec armes et matériels, remplacées plus tard par des militaires provenant d’Europe centrale, de Russie et d’autres origines diverses.

Avec le temps, les informations, la vérité sur les camps de prisonniers, les exactions des troupes d’occupation avec la Gestapo, les arrestations, les exécutions annoncées par voie d’affichage, exaspèrent la population. La radio de Londres, écoutée malgré la menace nazie, avec le risque d’une dénonciation, permit d’avoir d’autres informations, mais le brouillage des émissions ne permettait pas une information régulière.

Ce qui décida et modifia la prise de conscience de la population fut le STO (Service du Travail Obligatoire en Allemagne). Beaucoup de jeunes convoqués pour le STO en 1943, ne répondent pas à la convocation, se réfugient dans la campagne et sont attirés par la Résistance, qui commence à s’organiser. La poignée de main entre Hitler et Pétain à Montoire suscite aussi des réactions négatives et sème le doute.

Il est à noter aussi que bon nombre de résistants ne se sont manifestés qu’à partir de 1944, dès les prémices d’une possible libération du pays.

Certaines personnes, opportunistes, ont profité de l’occupation pour s’enrichir, comme dans tout conflit, commerçant outrageusement avec les Allemands.

On peut constater malgré tout, que les règlements de compte, ne furent pas trop nombreux, et se limitèrent à quelques arrestations et crânes rasés, mais il y eut des dérapages. Deux Fouesnantaises ont payé malgré tout de leur vie. Il est regrettable que quelques résistants « de la dernière heure », se soient illustrés dans ces exactions.

Malgré les contraintes de l’occupation, les jeunes, s’amusaient dans les fêtes, les bals etc.…

L’approche de cette période de notre histoire a été perçue différemment par les personnes présentes pendant les cinq années que dura ce conflit. Chacun a vu le déroulement des événements suivant son lieu géographique, sa situation, sa participation, et il est donc bien difficile de dire que ces pages reflètent toute la réalité et l’exactitude des faits et anecdotes; la plupart des participants sont maintenant décédés. Quant aux survivants, la mémoire leur fait parfois défaut, ou peut faire passer des suppositions pour des faits réels. Les lecteurs m’excuseront de ces possibles interprétations, peut-être erronées.

Il faut aussi tenir compte de l’époque, où les communications ne sont pas celles que nous connaissons aujourd’hui. La seule route au bourg de Fouesnant, était la rue principale de Fouesnant en venant de Quimper, passait par Toul-An-Aël, le Roudou et le carrefour de Kerello, avec embranchement vers La Forêt Fouesnant. Elle remontait rue de Kergoadig, place de l’église avec embranchement avec le Cap-Coz, puis le bourg (rue de Cornouaille) jusqu’au carrefour du haut du bourg (Hôtel du Bon Cidre, boulangerie Jacq, Café des Sports) avec les routes vers Bénodet (rue de l’Odet), Mousterlin (rue de Kernéveleck) et Beg-Meil, par Bréhoulou. A la pointe de Mousterlin la route côtière n’existait pas.

J’aimerais évoquer le rôle de M. Arzul, Maire nommé en 1941, durant cette douloureuse période. Il assura un rôle ingrat de gestionnaire de la commune, entre les demandes des Allemands, les réquisitions, les menaces en tout genre, les représailles envers la population ; bref, il fit de son mieux dans les intérêts de la commune et de la population. Il fut d’ailleurs d’une grande discrétion.

Aucun paragraphe n’est consacré à l’holocauste, pour la simple raison qu’il n’y avait pas de ressortissants juifs à Fouesnant ; juste une petite allusion à un juif hébergé à Cap-Coz.

Durant cette période, un grand nombre des hommes valides de la commune sont mobilisés en 1939, et beaucoup d’entre eux furent prisonniers en Allemagne durant plusieurs mois, voire plusieurs années. Ce manque des forces vives de la commune était préjudiciable à l’activité surtout agricole, Fouesnant étant une commune rurale, vivant de l’agriculture, de la pêche et du tourisme. Il fallait bien que les travaux se fassent, et que les familles se nourrissent, ce qui explique que certaines personnes n’ont eu d’autre solution que de travailler avec les Allemands : d’où des tracasseries à la Libération, pas toujours justifiées.

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